poésie de l’hiver

De décembre 2022 à l’été 2025, j’ai célébré chaque solstice avec une chronique haïku dans Les carnets du yoga, formidable publication trimestrielle de l’École Française de Yoga, sise rue Aubriot à Paris. Voici l’ensemble de ces chroniques, apparaissant ici par saison.

hiver 2022

Avec le solstice d’hiver, le temps de la patience s’impose. La lumière qui s’est raréfiée jusqu’à amoindrir les jours ne reviendra que seconde après seconde jusqu’en mars. Il faut rentrer chez soi, c’est-à-dire à l’intérieur de soi. Dans la poésie haïku, on célèbre l’émerveillement perçu des fenêtres, à la lumière des bougies ou d’une cheminée, ou dans l’éclat d’un matin de neige. Si vénérée, cette période a enfanté au Japon une 5e saison : celle qui, du 13 décembre au 8 janvier, est entièrement consacrée à l’accueil du Nouvel An. Quoi de plus beau qu’un tel commencement ?

hiver 2023

Marchez dans la ville, marchez dans la forêt et ils sont là, droits dans leur force présente ou tordus d’une résilience millénaire. Eux, nos alliés de vie, les arbres. Qu’ils nous protègent de leur ombrage ou nous rappellent, dans leur rectitude, le calme de la concentration — collez votre oreille contre l’écorce d’un bouleau et vous entendrez le silence du courage —, ils nous enseignent l’essence même de la vie. Dans la poésie haïku, on ne cesse de les célébrer. Bashô, fondateur du genre, avait pris pour nom de plume vieux bananier, une manière de dire la beauté de l’humilité et du temps qui passe. Et vous, si vous deveniez arbre, quelle espèce choisiriez-vous ?

hiver 2024

Du haïku, on a dit qu’il est une écriture du silence. Et ce choix d’écrire si bref naît sans doute d’une certaine méfiance envers les mots, ou plutôt le tout plein de mots dont notre poésie occidentale est friande. Mais il y a plus : la pratique méditative, cet art poétique, intensifie peu à peu notre porosité à ce qui se laisse percevoir du monde intérieur… et extérieur. « Plus tu es capable d’entendre, plus tu deviens silencieux », aurait dit Lao Tseu. Et vice versa, avons-nous envie d’ajouter ! La saison d’hiver, quand la nature s’immobilise, que les sons s’assourdissent de froid, les rues désertées à cause de la nuit qui tombe si tôt, est particulièrement propice à cette redécouverte inspirante des petits bruits du monde. Profitons-en !


Chronique et haïkus de Pascale Senk parus dans Les carnets du yoga, publication trimestrielle de l’École Française de Yoga.

Par Pascale Senk

Journaliste, auteure, éditrice spécialisée en psychologie, Pascale Senk se consacre à transmettre l’art et l’esprit poétique du haïku, qu’elle envisage comme une voie méditative.