Réjouissant et puissant, l’art du haïsha (rencontres du haïku et de la photographie) est aussi complexe. Quasi incontrôlable. Comprenez : le haïku ne doit pas décrire simplement la photo ; l’image ne doit pas neutraliser la puissance du poème.
L’un et l’autre doivent pouvoir exister l’un sans l’autre, mais aussi créer ensemble un troisième élément, une beauté singulière qui naît de leur union.
En ce sens, on peut réellement parler d’un “couple” haïku-photo qui enfante un troisième sujet artistique.
Lorsque l’union est bancale, lorsque l’un des deux partenaires n’est pas vraiment au rendez-vous, la résonance ne se fait pas, et la moisson poétique est pauvre.
une rencontre poétique
Ce n’est pas le cas avec le livre de photos-poèmes que Jacques Revon (le père, photographe) et Sébastien Revon (le fils, poète) ont composé ensemble.
Deux continents (le père, en France- le fils, en Irlande) se rejoignent ici subtilement, et entament des “conversations” comme ils le disent eux-mêmes, qui se révèlent très inspirées…et inspirantes.
C’est que les images du père, photographe-reporter de métier, sont d’un registre très varié : photos d’évènements sportifs, de paysages, d’objets, de vieux, de jeunes, couleur, ou noir et blanc…Chaque page est une nouvelle histoire, une surprise.
Face à chacune d’elles, le poète rétorque, donne un léger coup de plume, comme il se doit dans la poésie haïku. Pas la peine d’en rajouter, n’est-ce pas…
des haïkus images
les haïkus sont eux-mêmes pleins d’images, de sensorialité.
crépuscule
au retour de la cueillette
une grenadine
mirage
ton grain de beauté
partout sur la dune
un corps sans vie
flotte sur l’eau douce
lune du chasseur
C’était donc une gageure que de faire fusionner des langages si forts. Le père et le fils y sont parvenus avec subtilité et talent, ajoutant à tout cela un lien personnel qui se laisse deviner sans lourdeur, dans la poésie.
“Résonances”, Photo-poèmes de Jacques et Sébastien Revon , éd. L’Harmattan, 2022. 20 euros.
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Un grand bonheur que de lire cette chronique ! Je ne pouvais pas demander mieux. Merci Pascale !
bien mérité Sebastien! ce n’est pas si courant en « haishas »